Division de la Presse et de lInformation
COMMUNIQUÉ DE PRESSE Nº 62/03
10 juillet 2003
Conclusions de lavocat général Dámaso Ruiz-Jarabo Colomer dans laffaire C138/02
Collins contre Secretary of State for Work and Pensions
Le 31 mai 1998, il est retourné au RoyaumeUni dans lintention de rechercher
un emploi. Huit jours plus tard, il a demandé le bénéfice de lallocation
de recherche demploi fondée sur les ressources, qui lui a été refusée au
motif quil ne résidait pas habituellement dans ce pays.
M. Collins a saisi les tribunaux britanniques, qui interrogent la Cour sur la libre
circulation des travailleurs et les principes de droit communautaire applicables à la situation de
lintéressé, en particulier le droit de citoyenneté européenne.
Lavocat général RuizJarabo présente aujourdhui ses conclusions dans cette affaire.
Lopinion de lavocat général ne lie pas la Cour. Sa mission consiste à proposer
en toute indépendance à la Cour une solution juridique pour permettre à celle-ci de statuer
sur les affaires dont elle a été saisie.
M. RuizJarabo rappelle que le droit communautaire reconnaît aux citoyens de lUnion le droit
daccéder aux emplois offerts dans tout État membre, dans les mêmes conditions que
les ressortissants de cet État. Par ailleurs, il exige quun citoyen possède la
qualité de travailleur pour pouvoir bénéficier dans un autre État membre des mêmes
avantages sociaux et fiscaux que les ressortissants de cet État. Selon la Cour,
doit être considérée comme un travailleur toute personne qui exerce des activités réelles
et effectives nayant pas un caractère marginal.
Lorsque M. Collins a demandé à être admis au bénéfice de lallocation de recherche
demploi, il nexerçait aucune activité qui lui aurait permis dêtre qualifié de travailleur
en vue de pouvoir bénéficier des mêmes avantages sociaux et fiscaux que les
ressortissants britanniques.
Lavocat général indique toutefois que les dispositions du traité CE consacrant la libre
circulation des travailleurs ont été interprétées largement par la Cour. M. Collins, en tant
que citoyen dun État membre (lIrlande) qui recherche activement un emploi dans un
autre État membre (le RoyaumeUni), avait le droit de séjourner au RoyaumeUni pendant
une période dau moins six mois.
M. Ruiz-Jarabo concentre ensuite son attention sur la citoyenneté de lUnion et, plus particulièrement,
sur le droit de circuler et de séjourner librement sur le territoire des
États membres, tel quil a été interprété jusquà présent par la Cour. Il
examine la question de savoir si le traité CE permet de reconnaître aux demandeurs
demploi qui recherchent un travail dans un État membre et qui nont pas
de liens de rattachement avec le marché du travail dudit État le droit
dobtenir une prestation versée aux personnes qui apportent la preuve de linsuffisance de
leurs ressources. Il souligne que la réglementation britannique, qui subordonne le versement de
lallocation à une condition de résidence habituelle, constitue, en principe, une discrimination indirecte en
raison de la nationalité, car il est plus facile pour les ressortissants britanniques
de remplir cette exigence.
Toutefois, dans le cas despèce, M. RuizJarabo estime quune condition de résidence, destinée à vérifier
lexistence dun enracinement dans le pays et la réalité des liens du demandeur
avec le marché du travail national, peut être justifiée pour éviter ce que
lon appelle le «tourisme social» (déplacements dans le but de bénéficier de prestations
non contributives) et pour prévenir les abus.
En conséquence, au stade actuel de son évolution, le droit communautaire nexige pas
le versement dune allocation de subsistance à un citoyen de lUnion qui recherche un
emploi dans un État membre où il ne justifie ni dun enracinement ni
de liens avec le marché du travail.
Rappel: Les juges de la Cour de justice des Communautés européennes commencent à présent
à délibérer dans cette affaire. Larrêt sera rendu à une date ultérieure.
Langues disponibles: espagnol, français et anglais Pour le texte intégral des conclusions, veuillez consulter notre page Internet www.curia.eu.int aux alentours de 15 heures ce jour Pour de plus amples informations, veuillez contacter Mme S. Mosca-Bischoff tél. (352) 4303-3205 - fax (352) 4303-2034 |