70 ans au service des citoyens et d’une Union de droit

A | L’activité de l’institution en 2022
B | Événements phares de l’année
C | Relations avec le public

 
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A | L’activité de l’institution en 2022

Le 4 décembre 1952, les premiers membres de la Cour de justice de la Communauté européenne du Charbon et de l’acier (CECA) prêtaient serment dans l’une des quatre langues officielles de la CECA.

Alfredo Calot Escobar

Greffier de la Cour de justice


Le Greffier de la Cour de justice, secrétaire général de l’institution, dirige les services administratifs sous l’autorité du Président.


Le 4 décembre 1952, les premiers membres de la Cour de justice de la Communauté européenne du Charbon et de l’acier (CECA) prêtaient serment dans l’une des quatre langues officielles de la CECA. Neuf membres – sept juges et deux avocats généraux – représentant les cultures juridiques de chaque État membre pour assurer un dialogue fécond entre leurs traditions, un greffe dévoué au bon fonctionnement de la juridiction, un service linguistique garantissant l’accès à la justice européenne sans la barrière de la langue et une administration assurant la bonne utilisation des deniers publics au service de l’autorité judiciaire de la CECA : voilà, brossée à grands traits, ce qu’était la Cour lors de ses premiers jours d’installation.

70 ans plus tard, la Cour peut se retourner sur le chemin parcouru avec la fierté d’être parvenue à évoluer avec son temps sans jamais renier ses valeurs fondatrices.

Plus que jamais, alors que la Cour a rendu plus de 43 000 décisions depuis sa création, le soutien à l’activité juridictionnelle continue à servir de boussole à l’ensemble des services de l’institution.

À cet égard, l’année 2022 aura été une année importante pour poser les jalons de l’un des projets phares de la Cour, à savoir la mise en place d’un système intégré de gestion des affaires, qui permettra aux juridictions, à terme, de travailler dans le cadre de flux entièrement numérisés, sécurisés et intégrés, de l’introduction de l’affaire jusqu’à la diffusion de la décision. Ce projet, qui place la qualité et la célérité de la justice au cœur de toute sa philosophie, verra le jour en 2024 après plusieurs années de coopération étroite entre les juridictions, les greffes et les services. Il constituera une étape majeure dans le processus de numérisation de l’activité juridictionnelle, entamé il y a plusieurs années avec la mise en production de l’outil e-Curia, et constituera, s’il était besoin, un nouveau témoignage de l’accélération du recours à l’innovation technologique comme clef d’efficience et de progrès.

En parallèle, d’autres objectifs stratégiques ont continué à alimenter le plan de travail de l’institution. Dans ce cadre, des projets importants ont été ouverts en 2022, dont certains font indéniablement écho aux principes directeurs qui guident l’action de l’institution depuis sa création.

Parmi ces principes figure, depuis sept décennies, la recherche du personnel réunissant le plus haut niveau de compétences et de professionnalisme, en provenance de l’ensemble des États membres. Polyglottes, hautement qualifiés et pleinement engagés au service de la construction d’une Europe de la Justice, ils sont au cœur du projet de valorisation et de rétention des talents mis en œuvre par l’institution. Dans cette perspective, la Cour a lancé, en 2022, une initiative globale de renforcement de l’accessibilité et de l’inclusion, qui vise à favoriser le recrutement, l’intégration et l’épanouissement des collègues en situation de handicap et, ainsi, à permettre à chacun d’exprimer pleinement ses compétences. Cette initiative, qui implique la participation de toute l’institution, ambitionne également de garantir l’accès à la Cour de justice de l’Union européenne, physiquement ou virtuellement, de tous les justiciables, les acteurs de la procédure et les visiteurs.

La volonté de demeurer à l’écoute des citoyens, mais également de faciliter le rapprochement avec le grand public, influe également de longue date sur la politique de communication et d’information de l’institution. En cette année-anniversaire, nombre d’initiatives ont favorisé cette proximité, comme le projet pilote de web streaming des audiences, présentées dans ces pages. Forte de l’expertise bâtie durant la pandémie, l’institution a, en outre, pérennisé un programme de visite à distance à destination des lycéens des États membres, qui leur permet de visiter les bâtiments de l’institution, de suivre des présentations et d’échanger en direct avec un Membre, dans leur langue, sans quitter leur salle de classe. Cette initiative enthousiasmante, à laquelle plusieurs centaines d’écoliers ont déjà participé dans différents États membres, offre ainsi à tous les jeunes que des considérations liées à la distance, aux coûts ou à des difficultés de déplacement ont jusqu’alors tenus éloignés de la Cour, de nouvelles possibilités de nous rendre visite et de mieux comprendre le rôle de l’autorité judiciaire de l’Union.

La liste des projets menés à bien en 2022 apparaît, comme chaque année, aussi riche que diversifiée, de sorte que l’énumération pourrait se poursuivre. Toutefois, ce ne sont pas les réalisations annuelles qui parlent le mieux de la culture et des valeurs d’une organisation, mais plutôt sa capacité à assumer sa part de responsabilité dans le contexte troublé que traverse l’Europe.

À cet égard, la Cour aura pleinement joué son rôle, en accueillant la Cour suprême d’Ukraine pour favoriser la construction d’une justice de paix et de progrès, en ouvrant exceptionnellement sa grande salle d’audience pour célébrer, le temps d’une pièce de théâtre, la mémoire des juges ayant donné leur vie pour protéger l’État de droit que rappelle inlassablement notre jurisprudence, en recourant à toutes les technologies disponibles pour rencontrer ceux qui sont loin ou en œuvrant pour que chacun trouve sa place et puisse évoluer au sein de l’institution, dans un souci d’égalité et d’inclusion.

En 2022, à la Cour comme ailleurs, les chauffages et les lumières ont été baissés pour contribuer à l’effort de sobriété énergétique, mais la flamme qui anime notre mission n’a jamais brillé plus fort !

Alfredo Calot Escobar

Greffier de la Cour de justice

B Événements phares de l’année

Les 70 ans de la Cour de justice de l’Union européenne : retour sur une année anniversaire

« Une justice proche du citoyen »

L’institution a célébré son 70e anniversaire tout au long de l’année 2022, avec comme fil rouge le thème « Une justice proche du citoyen ». Les célébrations invitent à regarder le chemin parcouru depuis que la première pierre fut posée, par les pères fondateurs de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) en 1952, prémices de la construction européenne. Pour souffler sa 70e bougie, l’institution judiciaire a traversé les années et les époques en surmontant les défis. La succession des traités, la création du Tribunal en 1989, la dévolution de nouvelles compétences, ou encore les élargissements successifs, mais aussi le Brexit, l’augmentation progressive des langues officielles et celle des avocats généraux, le doublement des juges du Tribunal… autant d’événements qui ont jalonné ce chemin et qui ont accompagné la Cour dans l’accomplissement de sa mission : veiller au respect du droit de l’Union et assurer son interprétation et son application uniformes. Avant de tourner le regard vers l’avenir, revenons sur les principaux événements qui ont rythmé cette année spéciale.

En début d’année, le président a dévoilé le logo du 70e anniversaire qui est apparu pour la première fois dans le décor de la Cour. Symbole de cette année anniversaire, il marquera l’ensemble des publications de l’année. Il a été apposé sur l’édifice et rendu visible depuis le centre de la ville de Luxembourg, afin d’éveiller l’attention des citoyens. Lors des Journées portes ouvertes, les visiteurs ont pu envoyer aux quatre coins de l’Union des cartes postales, comportant le logo précité, pour informer leurs proches de leur participation à cet événement festif.

Sur Twitter, une campagne d’information a sensibilisé les citoyens à l’histoire et à l’activité de l’institution. 70 tweets ont retracé un aperçu de la Cour de 1952 à nos jours pour nos 146 000 followers.

Dans le prolongement d’une tradition de plusieurs décennies, après les timbres émis pour l’inauguration du Palais en 1973, pour les 35 ans de la Cour en 1987, les 50 ans en 2002 et les 60 ans en 2012, Post Luxembourg a dédié un timbre aux 70 ans de l’institution. Dans un tout autre registre, un livre sur l’histoire de la Cour est paru, dans une édition de prestige : il permettra de partager la connaissancede notre institution lors de visites officielles et réceptions protocolaires. Une édition accessible au public verra le jour en 2023.

Les célébrations ont atteint leur point culminant début décembre : la Cour a rassemblé, lors d’un Forum des magistrats extraordinaire, les présidents des cours constitutionnelles et suprêmes des États membres, de la Cour européenne des droits de l’Homme et de la Cour de l’Association européenne de libre-échange. Cet événement annuel important, qui s’est tenu selon un format spécial en 2022, est une occasion d’échanges entre les juges et avocats généraux et les magistrats de l’ensemble des États membres visant à promouvoir le dialogue judiciaire. Consacré au thème « Une justice proche du citoyen », il a été introduit par la projection dans la grande salle d’audience d’un film inédit, commémorant le 70e anniversaire de la Cour, retraçant son histoire et son rôle dans la construction de l’ordre juridique européen. Accessible pour le grand public, il a été réalisé par les services de la Cour et fait intervenir des membres de la Cour de justice et du Tribunal et des représentants du monde académique, le tout illustré par de nombreuses images d’archives.

Pour l’audience solennelle du 6 décembre, la Cour a accueilli S.A.R. le Grand-Duc Héritier Guillaume, ainsi que M. Othmar Karas, premier vice-président du Parlement européen, M. Michal Šalomoun, le ministre de la Législation et président du Conseil législatif du gouvernement de la République tchèque, Mme Věra Jourová, vice-présidente de la Commission européenne et Μme Sam Tanson, ministre de la Culture et de la Justice du Grand-Duché de Luxembourg.

Bâtisseurs de l’Europe : la jeunesse mise à l’honneur à la Cour

Les célébrations du 70e anniversaire se sont achevées le 6 décembre par la conférence « Bâtisseurs d’Europe », une rencontre particulière entre les hauts représentants de l’Union et la jeunesse européenne.

« Bienvenue dans votre maison, dans votre Cour de justice ! »

C’est par ces mots que le Président Koen Lenaerts s’est adressé aux 240 lycéens de dix États membres présents dans la grande salle d’audience et à distance, avant d’évoquer le rôle de la Cour et son impact dans le quotidien des citoyens. Le Président Lenaerts, ainsi que M. Othmar Karas et Mme Věra Jourová ont présenté leur parcours individuel et les actions qu’ils entreprennent chacun dans leur institution respective, en soulignant l’importance de leurs origines variées, reflet d’une Europe unie dans la diversité : « Un homme d’une autre origine, religion ou opinion, peut avoir autant raison que moi-même », déclara M. Karas. Mme Jourová a, quant à elle, rappelé aux jeunes lycéens que des valeurs telles que la démocratie et l’État de droit n’ont pas toujours été acquises : elle a ainsi évoqué les premiers souvenirs marquants de sa vie, l’arrivée des chars d’assaut soviétiques lors du Printemps de Prague en 1968.

M. Lenaerts, M. Karas et Mme Jourová se sont ensuite prêtés au jeu des questions/réponses avec les jeunes invités. Les avantages de la construction européenne, le sens de l’adhésion des pays d’Europe de l’est à l’Union, les plus grands défis auxquels l’Union est confrontée, son action lorsque son droit et ses valeurs demeurent méconnus, les diverses critiques à son égard et la progression de l’euroscepticisme, le réchauffement climatique et la discrimination basée sur le sexe ou l’orientation sexuelle. Tant de thèmes sur lesquels les jeunes visiteurs ont invité leurs interlocuteurs à s’exprimer.

En guise d’épilogue, face aux lycéens, le Président Lenaerts a rappelé la déclaration de Robert Schuman : « L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble. Elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait ». À l’issue de cette séance, les lycéens ont exprimé leur vive satisfaction d’avoir eu la possibilité d’interagir avec de hauts représentants de l’Union.

« Je pense que c’est réellement inspirant de voir que nous avons la possibilité de participer et de poser des questions à des dirigeants de premier plan ! »

« Notre école a eu le privilège de poser des questions aux grandes personnalités des institutions européennes : j’étais non pas spectateur mais acteur de la conférence. »

Streaming des audiences : un pas de plus vers le rapprochement de la Cour avec les citoyens

Proposant une lecture modernisée du principe de transparence et de publicité des audiences, la Cour de justice met à disposition, depuis cette année, le streaming des audiences sur le site CVRIA dans le cadre d’une expérience pilote. La Cour aspire, par ce nouveau service, à se rapprocher davantage des citoyens de l’Union. Le système, mis en place en avril 2022, offre la possibilité aux personnes qui ne sont pas en mesure de se rendre à Luxembourg, quelle que soit la raison (coût, distance, difficulté de déplacement), de suivre les audiences de la grande chambre de la Cour de justice dans les mêmes conditions que le public sur place. Le multilinguisme étant au cœur du fonctionnement de l’institution, les citoyens peuvent en effet suivre les débats dans la langue de leur choix en sélectionnant leur canal d’interprétation en streaming.

Afin de garantir la sérénité des débats et prévenir toute difficulté technique, les audiences de plaidoiries ne sont pas retransmises en direct, mais en différé. Les audiences du matin sont ainsi diffusées l’après-midi, tandis que les audiences de l’après-midi sont disponibles le lendemain matin. Les prononcés d’arrêt de la Cour de justice et la lecture des conclusions des avocats généraux sont, pour leur part, retransmis en direct. Pour faciliter la compréhension de l’affaire, une capsule audiovisuelle multilingue présentée par un attaché de presse et expliquant l’affaire est proposée à l’écran, juste avant la retransmission de l’audience.

Sébastien Servais

chef de la section Multimédia

« Bien que la décision de mettre en place le streaming soit assez récente, notre section s’y prépare depuis plusieurs années. Le principal défi rencontré au lancement a tout d’abord été technique, car de nombreux équipements informatiques et une modification du cœur même de nos systèmes de conférence étaient nécessaires, notamment pour garantir le respect du multilinguisme. D’autres éléments ont nécessité beaucoup d’attention : l’utilisation des images pendant les audiences, les différentes problématiques autour de l’intégrité de l’audience elle-même, ainsi que la protection des données personnelles des personnes y participant. Une attention très particulière a été apportée à la qualité des prises de vues et à la gestion des caméras, afin de diffuser une image de haute qualité. Ce service de streaming sera progressivement complété par de nouveaux moyens de communication externes qui permettront d’augmenter la visibilité des travaux de notre institution, tout en gardant une transparence maximale vis-à-vis du citoyen. Il ne s’agit probablement que d’une première étape, mais le premier pas est sans doute toujours le plus compliqué à faire. »

Tina Omahen

interprète

« Après avoir dû s’adapter à des changements majeurs dans l’exercice de leur profession en raison de la crise sanitaire, les interprètes ont été confrontés à une autre nouveauté : le doublage des capsules audiovisuelles présentées avant les audiences retransmises en streaming. Contrairement à l’interprétation, le doublage doit être effectué en synchronisation presque parfaite avec l’orateur. Outre le fait de devoir adapter notre technique habituelle de restitution à cette exigence différente, nous avons également dû nous familiariser avec de nouveaux outils d’enregistrement. Pour certains collègues, utilisant principalement des documents manuscrits pour se préparer, le virage vers le numérique constituait un défi à relever. Cependant, après quelques sueurs froides, nous avons maintenant développé une routine solide pour accomplir cette nouvelle tâche. »

Marc-André Gaudissart

greffier adjoint de la Cour de justice

« Si la retransmission des audiences de plaidoiries sur internet était réclamée depuis plusieurs années, notamment par des journalistes, des universitaires ou des parlementaires, elle n’avait cependant pas encore été mise en œuvre par la Cour de justice ou par le Tribunal, non seulement en raison des questions liées à la gestion des débats et au bon déroulement des audiences, mais également en raison des contraintes d’ordre technique ou linguistique, une retransmission d’une audience multilingue sans interprétation simultanée présentant une moindre utilité pour les citoyens de l’Union. C’était avant la crise sanitaire…
Grâce aux efforts considérables déployés par la Cour durant cette période, notamment pour permettre aux parties, parfois soumises à des restrictions de déplacement très strictes, de participer à distance aux audiences de plaidoiries qui se tenaient à Luxembourg, la Cour s’est dotée des moyens techniques nécessaires qui lui permettent, aujourd’hui, d’assurer la retransmission de ses audiences sur Internet. Cette évolution ne concerne, à ce stade, que les audiences de la grande chambre de la Cour de justice. Elle constitue néanmoins un pas important vers une plus grande transparence de la justice vis-à-vis des citoyens, mais également un progrès indéniable pour les juridictions nationales qui ont posé à la Cour de justice une question préjudicielle relative à l’interprétation ou à la validité du droit de l’Union, qui peuvent à présent suivre à distance les échanges auxquels elle donne lieu lors de l’audience et, partant, mieux comprendre la portée de la réponse de la Cour de justice. Un atout non négligeable à l’heure où les valeurs et les fondements mêmes de la construction européenne sont parfois remis en cause. »

Représentation théâtrale dans la grande salle d’audience de la Cour

Le dernier été – Falcone et Borsellino trente ans plus tard

En mémoire du 30e anniversaire de l’assassinat des magistrats italiens Giovanni Falcone et Paolo Borsellino, la grande salle d’audience de la Cour de justice s’est transformée en scène de théâtre pour la représentation de la pièce L’Ultima estate – Falcone e Borsellino trent’anni dopo de Claudio Fava, mise en scène par Chiara Callegari, en présence du Président Lenaerts et de nombreuses personnalités. Claudio Fava est journaliste et écrivain, ancien député du Parlement italien et membre du Parlement européen, actuel président de la Commissione Antimafia della Regione Sicilia. Son œuvre retrace les derniers mois de vie des deux magistrats italiens dans les années 90.

Un bureau, deux chaises, un classeur dans un décor minimaliste : ce que la metteuse en scène, Mme Callegari, a souhaité transmettre était l’importance de l’engagement dans une cause commune et la nécessité de rester vigilant face au danger que représentent encore aujourd’hui les menaces pour l’État de droit et la criminalité économique sans frontières. Le langage artistique crée un espace pour apprivoiser les émotions des spectateurs et rappeler les valeurs de la justice. La Cour a ainsi rappelé l’importance du devoir de mémoire et a voulu rendre hommage à ces magistrats italiens engagés dans la protection de l’État de droit.

Chiara Callegari, Simone Luglio et Giovanni Santangelo

« Le spectacle L’Ultima Estate – Falcone e Borsellino trent’anni dopo restitue une histoire unique de deux magistrats italiens dévoués à la lutte antimafia. Il a été élaboré en 2021, au cours d’une période de grande incertitude pour l’humanité, où les peuples du monde entier combattaient une menace commune. Dans cette incertitude, penser à mettre en scène la vie de ces deux hommes qui devaient combattre seuls un monstre sans limites, la mafia, était étrange et difficile. Honorer leurs personnalités dans un contexte tel que celui de la Cour de justice de l’Union européenne a été un privilège.

Pour raconter des histoires, l’acteur a besoin du public. À la Cour, nous avons non seulement trouvé de nombreux spectateurs – sur place et en streaming – mais aussi un lieu qui de par sa nature et sa mission porte la voix de tous les citoyens d’Europe.

Ce lieu a mis notre pièce en perspective et a élevé notre spectacle à un autre niveau. Le poids des paroles prononcées par les comédiens a changé et pris une autre ampleur. Il fallait composer avec le fait d’être les premiers à jouer au sein de la Cour, devenue pour un jour une salle de théâtre.

Le Président de la Cour, M. Koen Lenaerts, puis la ministre italienne de la justice, Mme Marta Cartabia, ont présenté la pièce. Puis la parole était à nous ! Face à l’enjeu de présenter une pièce si poignante dans ce lieu de justice hautement symbolique, il ne fallait pas perdre ses moyens.

“ Le jour fut décidé, un samedi de mai… ”, ces mots raisonnèrent alors dans le silence de la grande salle d’audience et notre récit de l’aventure humaine des deux serviteurs de la justice commença.

Restent aujourd’hui dans nos souvenirs l’accueil chaleureux, la disponibilité et la compétence des organisateurs et des équipes techniques, et l’enthousiasme commun qui règne dans cette merveilleuse cathédrale du droit de l’Union. »

C | Les relations avec le public

Les attachés de presse de la direction de la Communication, juristes de formation, ont pour mission d’expliquer les arrêts, ordonnances et conclusions, mais également les affaires en cours aux journalistes de l’ensemble des États membres et à leurs divers correspondants. Ils ont la responsabilité de préparer des événements et des supports de communication qui leur sont destinés et auxquels ils peuvent s‘abonner.

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En 2022, année placée sous le thème « Une justice proche du citoyen », le dialogue avec les professionnels du droit et le grand public s’est intensifié. Dans la continuité des années passées, l’utilisation des technologies de l’information, que ce soit dans le cadre du nouveau programme de visites à distance ou à travers les réseaux sociaux, demeure un outil majeur pour renforcer l’accessibilité et la transparence de l’activité de la Cour, notamment vis-à-vis de la société civile. Le 70e anniversaire a été l’occasion de faire ressortir l’une des valeurs essentielles de la Cour : se mettre au service des citoyens et d’une Union de droit.

L’année 2022 a été marquée par le retour progressif des visiteurs grâce à la levée progressive des contraintes imposées par la pandémie.

Après deux années privées de rassemblements, une première Journée portes ouvertes a été organisée à la Cour le 9 mai, à l’occasion de la Journée de l’Europe. Au cours de cet événement, au siège de la Cour, des visites guidées en plusieurs langues présentant l’activité de l’institution ont eu lieu, sur inscription préalable : la mission de la Cour de justice et du Tribunal, le déroulement d’une affaire, la salle des délibérés et la grande salle d’audience ont été dévoilés au public. Parallèlement, à Esch-sur-Alzette, capitale européenne de la culture en 2022, la Cour a installé son stand par une belle journée de printemps. Une équipe composée du personnel et de membres est allée à la rencontre des citoyens pour promouvoir et expliquer le rôle de l’institution judiciaire européenne. Le 8 octobre, la Cour a décidé d’ouvrir à nouveau ses portes, pour un événement de plus grande ampleur par rapport à l’édition printanière. Les services de l’institution et de nombreux métiers ont été mis à l’honneur. Ce sont au total plus de 2 700 personnes qui ont profité de cette opportunité unique de découvrir la Cour de l’intérieur.

Au cours de l’année, l’institution a publié sur le site CVRIA 216 communiqués de presse, destinés à informer les journalistes et praticiens des décisions de la Cour de justice et du Tribunal en temps réel, dès leur prononcé. En tenant compte de l’ensemble des versions linguistiques disponibles sur le site, 2 856 communiqués de presse ont été transmis aux correspondants dans les États membres.

Les attachés de presse ont également diffusé à leurs correspondants, principalement des journalistes, mais aussi des professionnels du droit, 551 lettres d’information et 568 « Info-rapides » concernant des affaires n’ayant pas fait l’objet de communiqués de presse. Plus de 10 000 courriels et près de 5 000 appels téléphoniques, concernant des demandes d’information adressées par des citoyens, ont également été traités en 2022 (dans la langue de chaque demandeur).

L’institution a amplifié l’utilisation des réseaux sociaux pour informer le grand public avec ses deux comptes Twitter, l’un en français, l’autre en anglais, qui totalisent 146 000 followers. Consacrés essentiellement aux arrêts les plus importants rendus par la Cour de justice et le Tribunal et aux principaux événements de la vie de l’institution, ce sont 1 868 tweets qui ont été postés en 2022, soit le double de l’année précédente. Une campagne sur Twitter a été réalisée pour couvrir les célébrations du 70e anniversaire : les followers ont ainsi pu découvrir l’histoire de la Cour à travers 70 tweets spécialement postés pour l’occasion, retraçant les 70 dernières années de l’institution. Présente également sur LinkedIn, l’institution y a diffusé 313 messages à l’attention de ses 178 000 abonnés sur ce réseau professionnel. En l’espace d’un an, la Cour a agrandi de plus d’un tiers cette communauté, une évolution révélatrice de la visibilité de sa présence sur cette plateforme.

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La Cour poursuit ainsi un objectif de transparence afin de renforcer la confiance des citoyens envers l’institution. Dans cette démarche, la compréhension de son rôle et de son activité jurisprudentielle est un facteur essentiel. Cette volonté de proximité avec les citoyens s’illustre également par la concrétisation d’un projet de visites à distance démarré en 2021. Après sa mise en place en français, en italien, en letton et en hongrois, ce projet, fort de son succès, a été proposé dans d’autres langues. Ainsi, des visites à distance se sont également déroulées en tchèque, en grec, en polonais et en roumain. L’objectif pour l’année 2023 est de poursuivre cette dynamique et d’élargir ce programme à de nouvelles langues officielles.

Pour les formats plus classiques, après deux années fortement impactées par la pandémie, l’organisation de visites en présentiel a repris de l’envergure. Ce sont ainsi 9 683 visiteurs qui se sont rendus dans les bâtiments. D’autres ont opté pour le format virtuel – environ 15 % des visiteurs cette année. Ce format a le potentiel d’évoluer considérablement dans les années à venir en rendant ainsi la Cour également accessible aux citoyens européens les plus éloignés de Luxembourg. Cette politique d’ouverture qui, d’un côté, réduit l’impact carbone, supprime les distances et les coûts, constitue, de l’autre, une valeur ajoutée dans l’objectif de transparence et de compréhension de l’institution.

Les visites à distance visent à faire connaître le rôle des juridictions de l’Union aux lycéens de 15 à 18 ans. L’impact de la jurisprudence de la Cour sur leur vie quotidienne et l’activité juridictionnelle sont présentés par un juriste. Les lycéens visitent virtuellement les bâtiments et assistent à la projection de deux court-métrages conçus pour ce programme. Ils peuvent faire la rencontre d’un juge ou d’un avocat général, pour une séance de questions/réponses. Le programme vise à sensibiliser les jeunes lycéens et leurs professeurs aux valeurs démocratiques et aux enjeux juridiques actuels.

M. Dimitrios Gratsias,

juge à la Cour de justice

« La perspective de participer à une « visite à distance », en langue grecque, à la Cour m’a enthousiasmé dès le début du projet. Je dois avouer que j’avais, néanmoins, quelques doutes. Comment parler de la Cour à des lycéens, sans les encombrer de trop de détails techniques mais aussi sans tomber dans le piège d’une simplification trompeuse ? Et puis, il s’agirait, justement, d’une visite à distance, privée de la spontanéité qui caractérise généralement les échanges lors d’une visite en présentiel. Il s’est avéré que mes doutes étaient injustifiés. De nombreux participants nous ont transmis des questions à l’avance, l’une plus stimulante que l’autre. J’ai structuré ma présentation en répondant d’abord aux questions générales, puis aux questions plus spécifiques, voire personnelles. Nous avons eu ainsi, grâce également aux questions posées en séance, non seulement une discussion vivante, ce qui n’est pas surprenant avec un public pareil, mais aussi un véritable débat approfondi, qui a donné une image fidèle, je pense, de la mission de la Cour et des défis auxquels elle est confrontée. Expérience à réitérer ? Oui, sans l’ombre d’un doute ! »

Varvara Efkarpidou,

lycéenne de terminale, école franco-hellénique « Jeanne d’Arc » au Pirée, Grèce

« Mes camarades de classe et moi avons eu le privilège de participer à une visite à distance de la Cour de justice de l’Union européenne et d’échanger avec ses membres. L’accès aux visites guidées de la Cour constitue une chance unique à nôtre âge, où l’introspection et l’orientation professionnelle gagnent en importance pour la construction de notre avenir. L’heure n’est pas toujours à l’optimisme : les crises sociales et financières, ainsi que les inquiétudes grandissantes de nos parents nourrissent nos interrogations. La rencontre avec les membres de la Cour était alors une opportunité enrichissante et, pour certains, le commencement d’un rêve. Les réponses à nos questions et l’ensemble de la visite guidée ont suscité l’intérêt et la curiosité de tous les lycéens. Cette visite restera gravée dans nos mémoires. Nous adressons nos remerciements à tous les organisateurs et à notre lycée pour cette belle initiative. »

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